[Procès Klaus Barbie : André Jarrot, témoin du ministère...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0759 FIGRPTP1770 02
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
description De droite à gauche : André Jarrot, ancien ministre, en compagnie de Henri Bailly, secrétaire général de la Confédération nationale des combattants volontaires de la Résistance (CNCVR). Ce dernier fut témoin d'intérêt général, cité par le ministère public, lors du procès Barbie.
historique Le procès de Nikolaus dit Klaus Barbie s'est déroulé du 11 mai au 4 juillet 1987 devant la Cour d'Assises du département du Rhône, au Palais de Justice de Lyon. C'était la première fois en France que l'on jugeait un homme accusé de crime contre l'humanité. Les charges retenues contre Barbie concernaient trois faits distincts : la rafle opérée à Lyon le 9 février 1943 à l'Union Générale des Israélites de France (UGIF), rue Sainte-Catherine ; la rafle d'Izieu du 6 avril 1944 ; la déportation de plus de 600 personnes dans le dernier convoi parti le 11 août 1944 de Lyon à destination des camps de la mort. Au terme de huit semaines d'audience, Klaus Barbie est condamné le 4 juillet 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité. Il décède le 25 septembre 1991 à la Prison Saint-Joseph à Lyon.
historique Le moins qu'on puisse dire, c'est que André Jarrot, l'ancien ministre de Giscard, est un personnage. Rien ne l'arrête. Il s'était déjà illustré en 1983, quand Barbie est arrivé à la prison Montluc, en lançant son fameux : "laissez-le moi un quart d'heure". Et ses amis n'ont pas vraiment été étonnés. Certains, perfides, ont même suggéré que Jarrot baissait. Dans la Résistance, il ne fallait que quelques minutes pour régler un "cas" comme celui-là. Une véritable légende ce résistant qui remontait les convois allemands, en sidecar, en les "arrosant à la mitraillette" ! Ce parachutiste expert en sabotage, ce fidèle du général De Gaulle était encore en mission, le 11 juin 1987, pour venir témoigner contre ce "salopard de Barbie". Pendant les suspensions d'audience, on entendait que lui, au pied du prétoire, interpellant ses amis résistants, tapant dans le dos de Chaban-Delmas... Une voix chaude et forte, un accent de paysan bourguignon, un homme qui ne sait pas parler à voix basse. Car ce qu'il dit, il y croit tellement qu'il doit le crier : "Faut pas essayer de nous faire croire maintenant que Barbie était un petit fonctionnaire allemand qui obéissait aux ordres. Non, c'était un bourreau, un tortionnaire... Il ne faut pas hésiter à le dire. Alors pourquoi est-ce qu'il n'est pas là, dans sa cage ? Quand on a commis de tels crimes, on n'a pas le droit de se défiler. Quand on a fait mourir autant de gens, on ne devrait pas avoir peur, même de la mort. Lui, il n'ose même pas affronter ses victimes". Et celui qui à 78 ans, saute encore tous les ans en parachute, s'insurge contre ce vieillard : "il est pas plus malade que moi. Moi je vais vous dire, sa fuite, c'est comme ceux qui veulent pas travailler et qui se mettent à la sécurité sociale". Tout y passe avec Jarrot qui avant de témoigner devant la Cour d'Assise, rode ses batteries. Sous l'oeil un peu inquiet de son avocat, Me Louis Rigal. Jarrot en fait trop ? Non pas du tout. Son témoignage a même été bien raisonnable par rapport à ce qu'on attendait. Par rapport à ces propos vigoureux en coulisses : "Je ne connais pas ce Vergès. Mais ce que je sais c'est que Barbie n'est pas là où il devrait, être ! Et je trouve ça indigne. Alors qu'il ne m'agace pas, qu'il ne compte pas m 'impressionner cet avocat, j'en ai vu d'autres et j'ai des munitions ! Je peux répondre à toutes ses questions". Costume bleu-marine, rosette à la boutonnière, Jarrot est venu avec un dossier sous le bras. Dossier "sans rien dedans". Car tout est dans le tête de ce compagnon de la libération : "je veux bien oublier mais qu'on ne me demande pas de pardonner..." Mais il n'oubliera pas. Ni ses compagnons qui ont laissé leur "peau" dans ce "grand combat", ni ces "boches" qui lui en ont fait "baver". [...] Après avoir témoigné, ce 11 juin 1987, devant la Cour d'Assise, l'ancien ministre est sorti du palais de Justice. Mais il voulait continuer à parler. Un peu frustré d'avoir été canalisé par le Président Cerdini. Un peu déçu ne pas avoir tout dit. Sur les marches du Palais, il a alors donné son verdict : "Pour des crimes aussi affreux, aussi abominables... il n'y a qu'une solution, le couperet ! Moi, j'ai voté contre l'abolition de la peine de mort. Il fallait maintenir la guillotine pour des criminels comme celui-là. C'est un lâche, un affreux bandit, un assassin monstrueux qui s'en est même pris aux enfants. Et croyez-moi, il serait venu se défendre, s'il risquait sa tête..." Source : "Jarrot l'indomptable" / Ph. B.L [Philippe Brunet-Lecomte] in Lyon Figaro, 12 juin 1987, p.7.
note bibliographique "Les combattants volontaires de la Résistance se constituent partie civile" in Le Progrès de Lyon, 30 mars 1983. - "André Jarrot" / Odile Cimetière in Le Progrès de Lyon, 12 juin 1987, p.4. - Wikipédia. [En ligne] : https://fr.wikipedia.org/wiki/André_Jarrot (consulté le 12 août 2016).

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